jeudi 31 mai 2018

Au cœur des Maramures - Borsas

Jeudi 31 mai
Nous avons passé la nuit dans une "pensiune"c'est à dire chez des particuliers qui louent une ou plusieurs chambres et assurent le repas du soir et le petit déjeuner. Nous sommes chez Maria et Joanna qui ont reconverti leur maison moderne pour faire l'accueil mais qui vivent toujours dans leur ferme traditionnelle qui se trouve juste derrière. Le repas est fait avec des produits de leur ferme les pommes de terre, les poivrons du jardin, les saucisses faites avec les cochons qu'ils élèvent, la pâlinka qu'ils distillent de leurs prunes et l'eau du puit. On ne parle pas roumain, ils ne parlent pas français mais quand on a envie de se comprendre, ce n'est pas un problème. Nous visitons leurs animaux : veau, vache, cochons,moutons, poules... Leur fille qui parle italien et leurs petits enfants en vacances viennent faire aussi un peu de conversation. L'accueil est chaleureux et Maria tient à ce que Lise essaye le costume traditionnel qu'elle a entièrement filé, tissé,brodé et qu'elle porte pour aller à la messe. Maria peut être fière de son travail, c'est très beau.

Nous reprenons la route pour nous enfoncer dans une petite vallée reculée où l'habitat est essentiellement en bois. Les travaux des champs, fauchage, fanage, ramassage se font à la main. Le transport est assuré  par les chars tirés par des chevaux ou un très vieux tracteur. Et lorsque nous passons on échange toujours un signe, un salut, un "bunā ziua". Le chemin n'est plus goudronné et nous devons mettre pied à terre sur certaines portions. Nous retrouvons la grande route, les autos et camions qui roulent à toute allure.... : On a changé d'époque ! Étape 68km total 323 km












mercredi 30 mai 2018

Les constructions en bois - Cieu

Mercredi 30 mai
Il est nécessaire de noter le jour car en itinérance on n'a plus de points de repères, chaque jour on pédale et l'on change de lieu. 
Les Maramures sont connus pour leurs constructions en bois et ce n'est pas une légende. En fait ce serait  à la suite de l'interdiction faite aux orthodoxes roumains par les seigneurs hongrois qui dominaient alors la Roumanie de construire leurs églises en pierre que les charpentier des Maramures auraient développé leur savoir-faire. Ils ont utilisé le bois abondant dans la région pour bâtir des monument à la hauteur de leur foi. Cela nous donne le plaisir de visiter de nombreux monastères et églises souvent classés par l'UNESCO. Hier c'était Perie, aujourd'hui Barsana. Le seul problème c'est que les nonnes rencontrées étaient toutes au téléphone et l'une d'elle l'avait coincé dans son voile ... Pratique pour balayer tout en papotant avec le seigneur !
Ce savoir-faire est aussi utilisé pour construire les maisons d'habitation traditionnelles. Évidemment les vieilles maisons comme on en trouve au musée ethnographique étaient petites et ne conviennent plus à un usage du 21ème siècle. Beaucoup d'habitants ont su faire évoluer ces maisons traditionnelles en les agrandissant, les surélevant ou en les reconstruisant en privilégiant le bois. Étape 69 km ; total 255 km.



Monastère de Perin à Sapanta

Si, si c'est une nonne geek, elle téléphone au Seigneur tout en balayant

Môastere de Basana 


Un escalier de Basana 


Une maison 

De très belles planches pour ces maisons en bois

Ils utilisaient aussi les rondins

mardi 29 mai 2018

Sapanta

29 mai
Sapanta vaut bien une journée de visite. Il y a tout d'abord le fameux cimetière joyeux dont les tombes sont sculptées, peintes par des artistes locaux. Chacune de ces croix fait parler le défunt qui explique sa vie et sa mort, ses joies et ses peines... Et c'est de là que vient le blues !
Il y a également les magnifiques églises et complexes religieux : église orthodoxe, l'église catholique de rite grec, le monastère de Péri dont les flèches rivalisent pour atteindre le ciel. Le bois prédomine dansces constructions magnifiques.


Mes réflexions sur le cimetière : Comme moi vous êtes souvent allé au cimetière. C'est un lieu de repos, de tristesse qui parle de la peine des gens qui sont restés. Par contre on ne sait pas grand chose de ceux qui sont partis : leur nom et prénom, leur date de naissançe et de mort.... On peut lire la douleur de ceux qui sont restés, les enfants éplorés, la famille gardant une affection éternelle, la tristesse des amis et collègues. Il faut venir ici, à  Sapanta au nord de la Roumanie dans la région des Maramures pour trouver un cimetière où les morts nous racontent leur vie, ce qu'ils aimaient, leurs plaisirs, leurs souffrances et même leurs petits travers. C'est Stan Ion Pātras un jeune menuisier-sculpteur sur bois qui a initié ce travail  dans les années 1920 en réalisant des croix pour arrondir son salaire. Petit à petit il a illustré ses croix de scènes sculptées en rapport avec le défunt puis il a ajouté des petits poèmes où le mort raconte sa vie et sa mort. Son style naïf et coloré s'affirme à partir de 1936. Il s'exprime à travers de nombreux symboles comme les couleurs : le jaune pour la fécondité, le vert pour la vie, le noir pour la mort les colombes pour l'âme, mais toutes les croix ont un fond commun de couleur le fameux "bleu Sapanta". Toutes les croix sont différentes mais semblables de par leur construction, leur organisation, leurs couleurs : un signe d'égalité devant la mort. Elles sont toutes couvertes d'un petit toit qui forme une flèche qui vise le ciel. Ce cimetière est à l'ombre de l'église orthodoxe surmontée d'une magnifique flèche qui pointe vers le ciel et le matin on peut le visiter tout en écoutant les chants du long office religieux retransmis par des haut-parleurs. À certain moment des visiteurs s'arrêtent et se recueille ou prient. 
Stan Ion Pātras est décédé en 1977 mais il avait formé des disciples qui continuent cette œuvre dans le même esprit. Hélas, le temps érode les croix comme il érode la mémoire et un travail de conservation serait le bienvenu.


La basilique orthodoxe et le cimetière "joyeux"


Les tombes avec les croix décorées 

L'église catholique de rite grec

Le monastère de Péri

Le monastère de Péri qui abrite les nonnes

Une magnifique clé de cette architeçture de bois

Escalier fait dans un seul tronc de bois

La maison musée de Stan Ion Pātras l'artiste poète inventeur des croix décorées 


Et voici la traduction de l'épitaphe de cette tombe :
Ici gît Stan Gheorghe
Ma vie fut dure et pauvre
Et passa comme fond la neige 
Alors que je sarclais cette dure terre.
Le jour de la Saint Elie, un orage 
Envoya un éclair qui me foudroya.
Mon père fut fâché de ma mort 
Et ma pauvre mère me pleure encore
Alors que je suis étendu dans la terre au repos.
Je n'avais que 19 ans.

En route pour les Maramures - Sapanta.

28mai
A une heure nous sommes réveillés par une forte explosion... Ce n'est qu'un magnifique feu d'artifice qui illumine la ville ! 
Nous devons prendre une route nationale ce matin sur une vingtaine de kilomètres et nous sommes un peu inquiets de cette expérience. En fait ce lundi est férié donc peu de camions circulent et cela nous va bien car ils déplacent un violent courant d'air qui peut facilement nous bousculer malgré notre poids et celui des vélos de plus de 45 kg.
A partir de Livada nous quittons la grande route en direction de Negresti-Oas. On est un peu plus serein pour observer les villages. On peut voir au centre des bourgs, les maisons traditionnelles très souvent fleuries et coquettes bien que modestes. Autour il y a de nombreuses  constructions nouvelles dans un style souvent un peu pompeux et avec plusieurs appartements (pour la famille, pour louer ?). La plupart n'est pas habitée. Beaucoup sont en cours de construction ou à moitié abandonnées. Ce sont des maisons bâties par des expatriés pour leur retour au pays. Elles doivent être le signe de la réussite de leur expatriation dans le reste de l'Europe. Certaines sont de vrais châteaux et l'on ne peut s'empêcher de penser que nous sommes à deux pas des frontières de Hongrie et d'Ukraine terrain propice à bien des trafics. Ce pourrait être l'une des explications à ces nombreuses superbes maisons qui bordent la route, notamment à Certeze. On peut voir aussi les grosses berlines, de préférence allemandes, qui sont garées dans les garages installés discrètement derrière ces maisons. C'est une Roumanie insolite par rapport aux clichés habituellement connus.
Un petit col que l'on grimpe gentiment par 34 degrés nous mène à la vallée de Maramures où nous faisons notre première étape à Sapanta. Nous adoptons pour la nuit une pension qui nous fournit gîte et couvert très tradition. (Étape :  88 km total 186 km)












dimanche 27 mai 2018

À vélo ... Jusqu'à Satu Mare

Première journée de vélo en Roumanie. Nous sommes dimanche, les différentes églises, catholiques, orthodoxes,... sont pleines car c'est la fête des rogations. La prière se fait devant les champs et les fidèles prient pour que les récoltes soient bonnes. Ils rentrent chez eux avec une petite poignée de blé  béni. Tous les fidèles sont en "habit du dimanche", c'est une illustration de la vivacité de la culture rurales et religieuse en Roumanie.
Nous traversons d'immenses pleines couvertes de cultures ou réservées à un élevage extensif de moutons, vaches gardées par des bergers.
De loin en loin il y a d'énormes fermes héritières du temps communiste mais modernisées et disposant d'un matériel important et parfois très moderne.
Nous sommes heureux de retrouver nos vélos après deux grosses journées de voiture. Le terrain est plat mais nous faisons la constatation, une fois de plus, que c'est très fatiguant car nous ne changeons jamais ni de rythme de pédalage ni de position sur la selle ou sur le guidon.
Après 98 km nous trouvons avec plaisir un motel à Satu Mare.









samedi 26 mai 2018

Roumanie - Misca

26 mai 
La route à travers l'Autriche n'est pas très interessante car l'autoroute est largement bordée de murs antibruit. On se demande parfois si ce n'est pas pour protéger les vaches du bruit des camions et des voitures ? Mais comme on ne peut les voir on reste sur nos suppositions.
Nous traversons la Hongrie et le style de conduite se dégrade. Les chauffeurs ont peu de respect pour les limites de vitesse ni pour le reste d'ailleurs... Prudence et anticipation sont les meilleurs gages de sécurité ! On se sent vraiment à l'étranger en Hongrie car le hongrois est une langue bien particulière dont on ne trouve pas les racines  dans le latin ou dans les langues anglo-saxonnes. Difficile de prononcer le nom des villes et les autres indications sont complètements hermétiques.
Enfin nous arrivons en Roumanie et le douanier parle français pour nous faire remarquer que ma carte d'identité n'est plus valable... même si les fonctionnaires français estiment qu'une carte dont la date d'expiration est dépassée est toujours valable de par leur décision !
Les derniers kilomètres pour rejoindre Misca se font sur une petite route au revêtement en patchwork de goudron. C'est Suzanne qui nous accueille, elle parle parfaitement français et elle nous attendait et tout est prêt. Quelques minutes après son frère et sa belle sœur arrivent d'Autriche, il y a aussi le fils et ses petits enfants. La discussion se déroule dans un sabir français, anglais, allemand, hongrois mais la volonté de communiquer est plus importante que les difficultés linguistiques.
L'accueil est simple et magnifique, rapidement on attaque la pâlinka. Suzanne insiste pour que l'on mange, nous on n'est  pas trop presss mais on comprend mieux quand on réalise qu'il y a une heure de décalage ... Il est plus tard qu'on ne le pense. La soirée se passe sur la terrasse de la maison d'Alexander et Agnès avec de la bière, du fromage et des grattons de porc.... La discussion nous mène à l'heure du coucher et nos vélos sont toujours dans la voiture.... Demain il fera jour !









vendredi 25 mai 2018

C'est parti !

Nous avons démonté les roues des vélos pour les installer dans le 3008. Les sacoches sont coincées entre les vélos et nous avons prévu un petit sac spécifique pour passer la nuit à l'hôtel. Nous partons à 6h30 direction Mulhouse, Zurich, l'Autriche par le Voralberg puis Innsbruck, le Sud de l'Allemagne, Salzburg, Linz à nouveau en Autriche et nous nous arrêtons à 18h30 après Linz dans la petite ville d'Amstetten. Cela fait 950 km et c'est bien assez.
Après quelques pas pour se décontracter on trouve un Gasthof où l'on peut manger des plats typiques comme le Knuspriges Blunzengröst'l (du boudin grillé avec des pommes de terre) avec de la salade de choux chaude ! C'est un peu rustique mais original et avec une bonne bière on est heureux !