mardi 29 mai 2018

Sapanta

29 mai
Sapanta vaut bien une journée de visite. Il y a tout d'abord le fameux cimetière joyeux dont les tombes sont sculptées, peintes par des artistes locaux. Chacune de ces croix fait parler le défunt qui explique sa vie et sa mort, ses joies et ses peines... Et c'est de là que vient le blues !
Il y a également les magnifiques églises et complexes religieux : église orthodoxe, l'église catholique de rite grec, le monastère de Péri dont les flèches rivalisent pour atteindre le ciel. Le bois prédomine dansces constructions magnifiques.


Mes réflexions sur le cimetière : Comme moi vous êtes souvent allé au cimetière. C'est un lieu de repos, de tristesse qui parle de la peine des gens qui sont restés. Par contre on ne sait pas grand chose de ceux qui sont partis : leur nom et prénom, leur date de naissançe et de mort.... On peut lire la douleur de ceux qui sont restés, les enfants éplorés, la famille gardant une affection éternelle, la tristesse des amis et collègues. Il faut venir ici, à  Sapanta au nord de la Roumanie dans la région des Maramures pour trouver un cimetière où les morts nous racontent leur vie, ce qu'ils aimaient, leurs plaisirs, leurs souffrances et même leurs petits travers. C'est Stan Ion Pātras un jeune menuisier-sculpteur sur bois qui a initié ce travail  dans les années 1920 en réalisant des croix pour arrondir son salaire. Petit à petit il a illustré ses croix de scènes sculptées en rapport avec le défunt puis il a ajouté des petits poèmes où le mort raconte sa vie et sa mort. Son style naïf et coloré s'affirme à partir de 1936. Il s'exprime à travers de nombreux symboles comme les couleurs : le jaune pour la fécondité, le vert pour la vie, le noir pour la mort les colombes pour l'âme, mais toutes les croix ont un fond commun de couleur le fameux "bleu Sapanta". Toutes les croix sont différentes mais semblables de par leur construction, leur organisation, leurs couleurs : un signe d'égalité devant la mort. Elles sont toutes couvertes d'un petit toit qui forme une flèche qui vise le ciel. Ce cimetière est à l'ombre de l'église orthodoxe surmontée d'une magnifique flèche qui pointe vers le ciel et le matin on peut le visiter tout en écoutant les chants du long office religieux retransmis par des haut-parleurs. À certain moment des visiteurs s'arrêtent et se recueille ou prient. 
Stan Ion Pātras est décédé en 1977 mais il avait formé des disciples qui continuent cette œuvre dans le même esprit. Hélas, le temps érode les croix comme il érode la mémoire et un travail de conservation serait le bienvenu.


La basilique orthodoxe et le cimetière "joyeux"


Les tombes avec les croix décorées 

L'église catholique de rite grec

Le monastère de Péri

Le monastère de Péri qui abrite les nonnes

Une magnifique clé de cette architeçture de bois

Escalier fait dans un seul tronc de bois

La maison musée de Stan Ion Pātras l'artiste poète inventeur des croix décorées 


Et voici la traduction de l'épitaphe de cette tombe :
Ici gît Stan Gheorghe
Ma vie fut dure et pauvre
Et passa comme fond la neige 
Alors que je sarclais cette dure terre.
Le jour de la Saint Elie, un orage 
Envoya un éclair qui me foudroya.
Mon père fut fâché de ma mort 
Et ma pauvre mère me pleure encore
Alors que je suis étendu dans la terre au repos.
Je n'avais que 19 ans.

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